Habitées dès la préhistoire, c’est surtout à partir des invasions européennes (quelle malchance d’être sur la route des Amériques) que les îles Canaries ont été profondément bousculées : import culturel, esclavage, guerres… Tout cela forge un pays et les traditions locales en sont plus ou moins imprégnées.
Même si la télévision et Internet sont bien présents et même si les touristes débarquent en nombre chaque année, les habitants de l’archipel restent attachés à leurs spécificités et les activités traditionnelles sont toujours prisées. D’ailleurs, ceux qui quittent leur île (même pour aller dans une autre île de l’archipel) ont le mal du pays (terruño) et c’est toujours avec un pincement au cœur qu’ils évoquent leur île délaissée au collectif : « notre » île au lieu de « mon » île.
Traditions plus que centenaire : le langage sifflé
Comment faire pour discuter avec quelqu’un qui se trouve à quelques centaines de mètres mais pas facilement atteignable (avec par exemple un ravin à franchir) ? La voix ne porterait pas assez alors les autochtones de la Gomera ont inventé El Siblo, le langage sifflé. Avec 6 personnes seulement, il est possible de transmettre un message sur toute l’île (25km).
Fêtes traditionnelles
Les canariens aiment les carnavals. Il y en a dans chaque île. Les fiestas s’organisent autour de chants et de danses en costumes traditionnels. On peut aussi y entendre des murgas, groupes d’hommes évoquant les problèmes politiques et sociaux sur un ton satirique, le tout en chanson. Et chaque carnaval voit sa reine élue.
Les carnavals sont d’ailleurs un motif de visite pour plusieurs centaines de milliers de touristes chaque année. Les 2 plus importants sont : le Carnaval de Santa Cruz de Tenerife et le Carnaval de Las Palmas de Gran Canaria.
Vêtements traditionnels
Chapeaux, amples jupes zébrées pour les dames et pantalon / chemise / veston pour les messieurs. Chaque île à ses spécificités et les malles des grands-mères stockent les habits traditionnels qui sont ressortis chaque année pour célébrer les coutumes d’antan. Les boutiques en proposent des répliques à acheter.
Respect pour la religion
Le catholicisme, importé au moyen-âge est bien ancré sur les îles Canaries. Pas question de visiter une église les épaules dénudées ou les jambes à l’air. Ces règles un peu strictes s’appliquent d’ailleurs à tout événement religieux même en dehors des lieux prévus à cet effet (processions en pleine rue par exemple). Les pèlerinages traditionnels (romería) font aussi partie du paysage local et rares sont les localités qui n’ont pas le leur.
Et comme beaucoup de peuples colonisés, on distingue derrière des figures connues (la vierge marie), des croyances ancestrales. Chaque île fête d’ailleurs sa propre sainte patronne mais pas le même jour (beaucoup d’îles le font en septembre octobre).
Mais les Canaries, c’est un aussi un lieu ou la sol gronde et ou les entrailles de la terre s’éventrent pour laisser couler la lave. Les constructions géologiques et les explosions volcaniques ont laissé des traces visibles que l’homme a eu besoin d’interpréter. Grottes tombeaux, tunnels creusés par la lave, autant de signes divins expliqués par les croyances divines locales et datant de la période pré-hispanique.
Jeu du bâton
Le bâton de berger se transforme en arme offensive et défensive. Cette sorte d’escrime consiste à toucher l’adversaire avec un long bâton (palo). Le geste réalisé, l’intention (attaque ou défense) et la partie du bâton utilisée… tout est jugé et codifié. Le bruit des bâtons, les mouvements semblables à de la danse par moment font de ce sport un spectacle beau à regarder.
Jeux de boules
La pétanque canarienne est accessible à tous : le nombre de participant de chaque équipe est libre (tant qu’il y a le même nombre de chaque côté), les parties se jouent en 12 points et il faut viser juste pour réussir des associations de couleurs (chaque équipe à des boules d’une couleur dédiée).
Lutte canarienne
Il s’agit de la lutte locale et du sport le plus pratiqué. Parvenue jusqu’à nous depuis l’époque guanche, la lutte canarienne consiste à faire toucher terre à son adversaire n’importe quelle partie du corps. Servant autrefois à régler les conflits, la lutte canarienne est désormais un sport se déroulant dans une arène de sable (terreros). La force, le poids et les techniques de pieds et de mains permettent de faire chuter l’adversaire. Ce sport se fait par équipe même si seulement deux lutteurs combattent en même temps.