Histoire

La vie au Canaries n’a pas été de tout repos malgré son éloignement des côtes et les habitants de l’archipel ont vécu des périodes troubles jusqu’assez récemment.

Il y a fort longtemps…

Les premières traces de citation des Canaries sont à rechercher du côté de l’antiquité avec quelques brèves allusions de grecs ou de romains qui pourraient correspondre avec les Canaries (mais aussi d’autres îles telles que Madère par exemple). Nommées îles bienheureuses ou îles fortunées, ces îles mystérieuses connues des peuples marins notamment les carthaginois et les phéniciens étaient entourées de légendes et peuplés d’animaux aujourd’hui disparus endémiques à l’archipel (tortues, rats et lézards géants).

Au 1er siècle de notre ère, les choses se précisent cependant : Pline l’ancien, sur les dires du roi de Mauritanie, parle d’une île qui abrite de grands chiens (en latin, chien se dit canis) et l’appelle Canaria. Pomponius Mela parle lui aussi d’îles fortunées au large de l’Éthiopie (qui ne s’appelait pas comme ça à l’époque) et Ptolémée en fait lui encore l’écho.

Les habitants historiques des îles Canaries, les Guanches ont vécu en quasi autarcie avec le reste du monde. Certainement originaires d’Afrique et descendants des Berbères, ce peuple vivait dans des grottes, avait des outils rudimentaires en pierre et en bois et était organisé socialement. Dotés d’une religion et pratiquant des rites funéraires, les guanches s’habillaient de peaux de bêtes, se parait de bijoux de bois et utilisaient les pigments pour décorer aussi leurs habits que leur corps.

La redécouverte ou Pré-Conquista

Niccoloso de Recco, marin génois est chargé par le roi du Portugal Alfonso IV d’explorer les océans. En 1341, les Canaries sont découvertes. Car entre l’antiquité et plus de 1000 ans plus tard, les autochtones ont été tranquilles. Les choses allaient changer.

Jusqu’à 1360, plusieurs expéditions sont envoyés dans l’archipel. Peu heureuses, ces expéditions de conquêtes ne laissent pas vraiment leurs traces mais créent un facheux précédent entre portugais et français qui se disputent les îles nouvellement identifiées sur les cartes.

Un normand Jean de Béthencourt et le chambellan Gadifer de La Salle se voit offrir les îles par le roi de France Charles VI. Mieux équipés que les expéditions précédentes et enjoués à l’idée de diriger leur île, les conquérants parviennent à leurs fins en juillet 1402. Seigneurs d’une première île, ils continuent leur progression jusqu’à l’île de Fuerteventura. Mais comme rien n’est simple, une trahison entraîne Béthencourt à prêter serment auprès du roi de Castille alors que La Salle est resté fidèle au roi de France.

Les îles sont cependant difficiles à coloniser et pacifier. Les petits ajustements entre amis, les escarmouches et les privilèges entraînent de nombreux heurts qui se soldent en 1479 par le traité d’Alcaçovas. La Canaries appartiennent désormais aux castillans. Cette situation qui satisfait les conquérants européens n’est pas du goûts des autochtones qui se soulèvent et se font violemment réprimés.

La Conquista, la conquête totale de l’archipel

Avec Christophe Collomb et la nécessité d’installer un dernier port avant de franchir l’Atlantique, les Canaries deviennent plus stratégiques. Et ça tombe bien car en l’espace de deux décennies les îles de l’archipel des Canaries sont toutes pacifiées. La conquête s’est faite dans le sang et grâce à une nouvelle arme bien utile : le fusil.

Au début du 16ème siècle, les marchands et les banquiers affluent, les gouverneurs oeuvrent afin de développer l’agriculture (la canne à sucre rapportée de Madère) et la marine. Et comme l’archipel occupe une position stratégique, les pirates et corsaires commencent à frapper. Les îles décident de se barricader et des fortifications apparaissent. Ce contrôle par la force cible la piraterie maritime mais aussi les contrebandiers. C’est aussi un moyen pour homogénéiser la population et l’inciter à se fondre dans le moule imposé par le conquérant.

De la Renaissance au 19ème siècle

Avec le développement de l’île vient aussi la période de la Renaissance.

Une figure ressort du lot : c’est Bartolomé Cairasco de Figueroa, musicien, poête et passeur de connaissance entre les peuples historiques des Canaries et l’envahisseur. Fondateur de la littérature canarienne, ce diplomé en théologie manie tour à tour la comédie, la tragédie et se fait connaître au delà de l’archipel grâce à un livre en plusieurs volumes sur l’histoire des saints de la chrétienté écrit en vers.

Un peu plus tard, c’est José de Viera y Clavijo, scientifique tourné vers la nature qui plantera dans les cerveaux de ses contemporains d’Europe mais surtout du nouveau monde de toutes nouvelles idées liées à la botanique.

L’économie accélère. Jusqu’au début du 18ème siècle, tout se développe. La canne à sucre est délaissée au profit des vignobles. Les juteuses affaires liées au vin entrainèrent même une escarmouche avec les anglais. L’amiral Nelson y perdit 700 hommes et sa main droite mais l’archipel tint bon.

La culture de la cochenille, de la banane et le statut de port franc renforce le commerce.

Enfin, René Verneau, anthropologue de la toute fin du 19ème siècle, s’intéresse à l’île et tente de remonter les siècles. L’ethnographie attire et la recherche du peuple disparu et de ses coutumes donne un nouveau coup de projecteur scientifique sur l’archipel.

Un 20ème siècle sous l’ombre de Franco

Exilé sur Tenerife, Franco y prépare en catimini sont putsch et réussit. Pour les habitants qui tentent d’abord de fuir la misère, le Venezuela qu’ils nomment la 8ème île en attire un nombre important.

Franco n’étant plus de ce monde et la démocratie étant en bonne voie, l’archipel devient autonome à partir de 1978.