En France, on a des marais salants en Camargue et sur la côte Atlantique (Noirmoutier, Guérande, Île de Ré). Dans les Canaries, le marais salant incontournable se trouve sur l’île de Lanzarote. Il s’agit des salines de Janubio (Salinas de Janubio) situées à Yaiza dans le Sud Ouest de l’île. Impossible à louper en empruntant l’autoroute LZ-2 en allant à Playa Blanca.
Comme sur la plupart de Lanzarote, les couleurs sont ocres et noires et contrastent avec le sel qui tire vers le blanc et le bleu de l’océan. Plus grand marais salant de l’archipel, les lieux méritent une visite.
La lagune de Janubio est répartie en deux zones de taille similaire et est à la conséquence de l’activité volcanique. À l’Ouest, la plage, ancienne coulée de lave, est matérialisée par un long cordon de gravillons noirs intenses. La lagune verte occupe la partie la plus profonde de la lagune – il faut relativiser, elle ne fait que 3 mètres de profondeur. Au Nord et à l’Est, les marais salants quadrillent la surface restante avec des bassins de diverses tailles et profondeurs qui, par un habile jeu de vases communicants, permettent de faire évaporer l’eau et recueillir le sel.
Les salines de Janubio ont joué un rôle économique très important pour l’île de Lanzarote. Le tourisme est désormais l’activité motrice de l’île mais pendant longtemps et jusqu’au milieu du 20ème siècle, la production de sel était une activité majeure. Dans ses meilleures années, les salines de Janubio produisaient 10000 tonnes de sel destiné à la salaison du poisson et employaient plusieurs centaines d’ouvriers. Au fil des années, certains bassins, moulins et installations de production de sel ont été délaissés : on les voit encore aujourd’hui à l’Ouest de la lagune.
Les marais salants de Janubio sont aussi un exemple d’écosystème privilégié entre l’homme et la nature que les Canaries veulent préserver et valoriser. En plus d’être un lieu prisé des oiseaux migrateurs et une réserve ornithologique, la lagune est remarquable pour le modelage du terrain et l’organisation des salines qu’ont mené plusieurs générations d’agriculteurs.
En 1730 et 6 ans plus tard, une éruption volcanique a refermée la lagune. Autrefois ouverte sur l’océan, la lagune s’est refermée. Le port d’alors n’avait plus accès à la mer. Il a fallu attendre 150 ans pour que 3 familles investissent les lieux pour les transformer en marais salants.
Avec la langue de lave qui bloque l’accès à la mer, des pompes aspirent l’eau de mer. C’était initialement des pompes utilisant l’énergie éolienne : ça explique la présence des moulins… Désormais, les pompes sont électriques.
Ici, le métier de saunier se transmettait de père en fils. Quelques producteurs dont certains descendants des familles originelles exploitent aujourd’hui encore le site même si seulement 20% de la surface totale est en activité. Aujourd’hui, la production est de l’ordre de 2000 tonnes par an et sert à la production de sel de table, pour les salaisons ainsi que pour la fabrication de colorants traditionnels (notamment pour les fêtes locales).
Bon à savoir pour visiter les salines
- Le meilleur moment pour visiter les salines est au coucher du soleil. Le soleil se couchant à l’Ouest, de très belles couleurs se reflètent dans la lagune et dans les différents bassins de décantation. Plusieurs restaurants situés sur les hauteurs permettent de profiter de la vue sur la lagune ;
- La couleur rouge typique des marais salants vient de la présence d’un petit crustacé rouge, d’une algue et de diverses bactéries qui apprécient les milieux aqueux très salés ;
- Le sel de Janubio est réputé aux Canaries, il a remporté plusieurs concours et ne comporte pas de traces de micro-plastique ;
- La plage de gravillons est interdite à la baignade à cause des forts courants ;
- Les visites durent environ 1h30 au milieu des bassins d’évaporation avec dégustation en fin de balade. Guide francophone possible. Bien vérifier avant de réserver. Le site n’est pas accessible aux personnes à mobilité réduite (porte-bébé OK) ;
- Réservation à faire sur le site officiel directement (il est possible de passer par des intermédiaires mais ils surfacturent les billets) ;
- Stationnement gratuit à proximité immédiate ;
- Ne pas oublier des lunettes de soleil à cause des forts reflets contre l’eau et le sel blanc ;
- Boutique (évidemment) pour acheter du sel.