Le pin canarien contre les volcans

Suite à l’éruption du volcan sur l’île de La Palma, le feu et la lave ont tout englouti sur leur passage. Certains secteurs sont recouverts par plusieurs dizaines de mètres de roche qui mettra des mois à refroidir. Vraie catastrophe écologique ? En tous cas, ces conditions extrêmes ne sont pas terribles pour toutes les espèces et certaines ont même besoin de ces épisodes hors-norme pour se relancer. Tout comme certains végétaux prospèrent après les incendies en Provence, il en est de même sur les îles Canaries ou certaines espèces sont pyrophiles (qui aiment le feu). Les autres espèces non pyrophiles situées jusqu’à 10 kilomètre du volcan ont bruni et portent des traces de chlorose causées par les gaz toxiques.

Le pin canarien (Pinus Canariensis), lui, se porte comme un charme et fait partie de ces espèces qui a des capacités surprenantes, fruit de plusieurs millions d’années d’évolution à proximité des environnements volcaniques : même gravement brûlé, le pin des Canaries est capable de surmonter les blessures du feu et de poursuivre sa croissance. Plus étonnant, les très fortes chaleur lui permettent de renaître mais aussi de survivre tout simplement. Le pin canarien se porte très bien dans les zones régulièrement soumises au volcanisme. En dehors de ces zones, le pin canarien a plus de mal à se développer :

  • Comme cet arbre peut grandir jusqu’à 60m, avoir sa base entièrement submergé par des couches de cendre de plusieurs mètres ne le gêne pas ;
  • Les pluies de lave et de pierres volcaniques frappent le pin mais cet arbre à la capacité à se regénérer même si sa couronne sommitale est entièrement détruite ;
  • Les tissus végétaux du pin canarien sont de vrais garde-manger ce qui permet à l’arbre de tenir sur ses propres réserves pendant de longs épisodes hostiles ;
  • Son écorce très épaisse et gorgée de sève sert de tampon contre les fortes chaleurs ;
  • S’il est exposé à des gaz toxiques ou si les conditions sont vraiment trop difficiles, le pin canarien a la capacité d’ouvrir ses cônes et de libérer ses graines qui peuvent alors être emportées par le vent sur des dizaines de kilomètres pour renaître plus loin hors de danger. Aux Canaries, les graines peuvent franchir l’océan et atterrir sur une autre île de l’archipel.
  • Autre particularité de cet arbre, il est capable de rejeter depuis sa souche : depuis son tronc ou depuis sa souche même brûlée, le pin des Canaries peut recréer de nouvelles pousses qui créeront des branches.

L’éruption est finie depuis la fin du mois de décembre 2021. Et déjà, début février 2022, le pin canarien s’est remis au travail. De petites pousses de quelques centimètres commencent à apparaître dans les zones brûlées. Les premiers signes du retour de la vie sur les pins se voit à proximité immédiate du volcan, là ou la lave n’a pas tout recouvert. Autre point important, la pluie et l’humidité est fondamentale pour les pins canariens. Leurs très longues épines sont capables de capter l’humidité de l’air. Le sommet du volcan étant situé proche de 2000m d’altitude, c’est exactement la bonne altitude pour capter la condensation des nuages.

Publié / actualisé par Christophe
Le 8 février 2022