La civilisation Guanche a laissé des traces de leur présence sur les îles des Canaries. Avec les différents projets archéologiques, c’est tout une culture qui s’est laissée entrevoir. Parmi les découvertes réalisées par les archéologues et les scientifiques, la présence de dizaines de grottes contenant des momies a marqué les campagnes de fouilles notamment sur l’île de Tenerife. Sanctuarisés et protégés, les lieux sacrés ou les guanches entreposaient leurs défunts ne cessent de révéler leurs secrets.
Les momies selon les guanches
La momification à la façon guanche ressemble à ce que pratiquaient les égyptiens. Le climat local participe à la bonne conservation des corps mais les techniques d’embaumement restent étonnamment simples en apparence : après avoir été éviscéré, rempli, enduit de saindoux, de résine et d’herbes séchés, les corps étaient enveloppés dans des peaux d’animaux (jusqu’à 15 couches pour les rois) puis exposés à la douce chaleur d’un feu ou directement placé sous le soleil. Une fois le corps desséché et stabilisé, il rejoignait sa dernière demeure, une des nombreuses grottes de l’archipel avec une température et une hygrométrie stable.
Parmi les spécificités de la momification guanche, une vraie rapidité par rapport aux techniques égyptiennes (2 fois plus rapide) et une technique d’embaumement qui permettait, dans certains cas, de conserver viscères et cerveau sans que la momie ne s’abîme. Les détails des préparations et des techniques d’embaumement sont encore loin d’avoir révélés tous leurs secrets mais les scientifiques s’accordent à dire que les résultats sont de très grande qualité.
L’objectif de la momification guanche est religieux et vise à préserver le corps. Tous les guanches ne se faisaient d’ailleurs pas momifier. Plus le défunt était important, plus les soins apportés à la momification étaient soignés. En fonction du statut social, du sexe et du métier, les procédés utilisés étaient différents. Un tel soin apporté au morts témoigne d’une culture riche et développée.
Les plus anciennes momies des Canaries datent du 3ème siècle et ont été découvertes sur Tenerife tout la majorité des autres momies guanches. Les autres îles de l’archipel n’avaient pas cette coutume et les momies découvertes sur La Palma et Grande Canarie sont plutôt des momies accidentelles causées par des conditions environnementales propices mais non désirées.
Pillage et rapatriement des momies canariennes
La chasse aux momies n’est pas nouvelle. Déjà après l’invasion espagnole, des récits de découvertes de momies existent. Et nombreuses sont les momies qui sont exfiltrées de ce qui devait être leur dernière demeure. Le pillage des momies était alors monnaie courante : des nécropoles contenant des dizaines de momies sont documentées mais il ne reste plus que quelques momies complètes et bien conservées. Ce ne sont pas seulement les explorateurs qui souhaitaient ramener au pays une momie qui sont responsables du pillage. La médecine traditionnelle faisait également usage de « Mumia », une poudre de momie utilisée jusque dans les années 1920.
Les caches les plus accessibles ayant toutes été fouillées, il n’en reste pas moins que des momies sont encore découvertes aujourd’hui. Les très nombreuses grottes, pour certaines très difficiles d’accès, recèlent de trésors pour les archéologues. En plus des momies d’adultes et d’enfants seules ou en groupes, les sépultures guanches contiennent parfois des habits, du cuir et sont placées derrière un mur, sur des planches ou à même le sol…
On peut aujourd’hui apercevoir des momies au musée archéologiques de Tenerife (Musée de la Nature et de l’Homme) mais aussi au Louvre de Paris. Beaucoup de momies ont rejoint les cabinets de curiosités et les grands musées depuis la renaissance. Ce pillage ancien a amené les autorités à mettre en place des lois pour rapatrier sur place les momies dans le cadre d’un retour sur son sol du patrimoine canarien.