Le peuple Guanche est le peuple originel des îles Canaries. Existant depuis plusieurs siècles avant notre ère, ils ont été vaincus par l’envahisseur européen au 15ème siècle. Il reste sur place des traces de l’occupation millénaire de ce peuple autochtone ainsi qu’une très belle légende sur l’alternance des saisons, une histoire accessible à tous où l’amour, la lutte et l’harmonie s’entrelacent dans la danse éternelle de la nature.
Sur les îles Canaries, terres autrefois habitées par les mystérieux Guanches, résonnait une légende aussi ancienne que les montagnes qui parsemaient l’archipel. Elle racontait l’étonnante genèse des saisons, une histoire tissée de passion et de pouvoir.
En ces temps reculés, un souverain guanche du nom de Timanfaya régnait en maître sur ces terres baignées par l’océan Atlantique. Sa fille, la belle Arimaguada, éblouissait tous ceux qui croisaient son regard. Mais un jour, le vent impétueux de la calima, nommé Taguluche, tomba éperdument amoureux d’elle. Déterminé à rester près de sa bien-aimée, il choisit de s’installer parmi les Guanches. Hélas, dès son arrivée, l’air devint oppressant, assoiffé, et la terre, autrefois féconde, se dessécha sous son emprise.
C’est alors qu’émergea de l’horizon, tel un messager céleste, l’esprit de l’alizé, Iraya. Avec sa présence, tout changea. L’atmosphère se rafraîchit, les nuages s’amoncelèrent, faisant pleuvoir une bénédiction sur les terres altérées. La végétation reverdit, éclatante de vie. Les Guanches, émerveillés et emplis de gratitude envers Iraya, la saluèrent comme leur sauveur.
Mais l’amour ne connaît ni frontières ni limites. Taguluche, jaloux de l’attention que portait Arimaguada à Iraya, le défia pour conquérir le cœur de la belle. Un duel épique éclata entre les vents brûlants du Sahara et les brises fraîches de l’Atlantique. Cette lutte titanesque secoua les cieux et les terres. Finalement, dans un geste noble, Taguluche reconnut sa défaite et se prépara à partir, non sans regret.
Les Guanches comprirent alors que ces deux esprits, aussi différents fussent-ils, étaient indispensables pour maintenir l’équilibre de la vie sur l’île. Ils décidèrent de les honorer tous deux, leur laissant régner en alternance au fil des saisons.
Depuis lors, les îles Canaries respirent au rythme de la calima, brûlante et sèche, puis des alizés, doux et humides, sculptant ainsi les saisons qui émaillent l’archipel.
